mercredi 27 juin 2018

PASTORE : CIAO L'ARTISTE...

L'histoire d'amour entre le Paris-SG et Javier Pastore est désormais consumée. Après sept saisons d'ascenseur émotionnel, El Flaco s'est engagé avec l'AS Roma hier. Entre coups de génie et blessures à répétition, hommage à l'Argentin le plus aimé du Parc des Princes.

Lundi sur les coups de 18 heures, l'avion de Javier Pastore atterri à l'aéroport Ciampino, non loin de Rome. Accueilli par plusieurs dizaines de tifosi romains, présents pour lui souhaiter la bienvenue, le milieu offensif argentin esquisse un sourire : un nouveau défi s'offre à lui. 1 400 kilomètres plus au nord, les supporters du Paris-SG ont encore du mal à y croire, mais c'est bel et bien fini. Après sept saisons marquées de coups d'éclat et de pépins physiques, Pastore quitte définitivement le PSG et rejoint l'AS Roma pour quatre saisons. Le transfert de l'Argentin, évalué à 24 millions d'euros, était pourtant inéluctable. Trop souvent blessé et inconstant, Pastore manquait de temps de jeu. Lors de sa présentation à la presse, le milieu offensif de 29 ans a évoqué sa volonté de « se sentir à nouveau important » à la Roma. Pourtant, malgré des apparitions qui se sont rarérifiées au fil des années, El Flaco reste encore aujourd'hui le principal chouchou du Parc des Princes. Personnage discret et attachant, Pastore est bien plus qu'un simple joueur, c'est un symbole pour tout amoureux du Paris-SG ou même de football tout simplement. Tout droit venu de Palerme à l'été 2011 pour 42 millions, le natif de Cordoba était la première tête de gondole du projet QSI. Il incarnait, en quelque sorte, le renouveau parisien. Dans la lignée des princes du Parc que sont Susic, Dahleb, Ginola ou encore Ronaldinho, Pastore était le premier prince de l'ère qatari.

El Flaco, l'esthète du Parc des Princes

Ce que les Parisiens retiendront de Javier Pastore n'a rien à voir avec le nombre de buts marqués, de passes décisives, ou bien de matchs joués. En effet, bien que l'Argentin soit tout de même le troisième meilleur passeur et le quinzième meilleur buteur de l'histoire du club de la capitale, les statistiques ne permettent pas de cerner ce type de joueur. Ce que les Parisiens retiendront de Pastore c'est plutôt l'esthétisme de son jeu, car Javier est un magicien du ballon.  Ce n'est pas un joueur rapide, ce n'est pas un véritable attaquant, ni même un véritable milieu de terrain, Pastore est un joueur à part. Un profil atypique qui n'existe plus de nos jours. Une sorte de numéro 10 à l'ancienne, capable de créer le danger à tout instant, d'illuminer le jeu sur une passe que lui seul peut voir, de régaler le public du Parc de coups du foulard, d'extérieurs du pied subtilement touchés, de talonnades et autres « grigris » qui font le charme du football. C'est le genre de joueur qui est capable de retourner les foules à l'image de son raid victorieux depuis le poteau de corner en quart de finale de Ligue des champions face à Chelsea (3-1) il y a quatre ans. Un but qui restera dans la mémoire de n'importe quel supporter parisien.
 


Entre déception et adulation : le paradoxe Pastore

Javier Pastore est ce que l'on pourrait appeler un génie sur courant alternatif. Capable de passer totalement à côté de ses matchs puis d'illuminer la rencontre de son pied droit. Cette dose de bonheur à l'état pur permettait à une majorité de supporters de patienter jusqu'à son prochain coup d'éclat. Le "maigrichon de Cordoba" déchainait les passions. Durant ces années parisiennes, les « Pastoristes » - une sorte de secte défendant coûte que coûte l'Argentin - ont dû faire face à des fans beaucoup plus pragmatiques. Ces derniers voyaient en Pastore un talent gâché. Car il faut tout de même s'accorder pour dire que l'ex-palermitain possède également une face beaucoup plus exaspérante. Souvent remis en cause et critiqué pour ses blessures ou son inconstance tout au long de son septennat parisien, Javier est un joueur rempli de paradoxe : tantôt nonchalant, tantôt brillantissime. La comparaison avec le cristal caractérise en tout point Pastore : aussi brillant que fragile. Ses longs mois d'absence et ses nombreuses rechutes musculaires ont souvent agacé, mais n'ont jamais réellement altéré l'amour des supporters. Génie incompris, El Flaco est un joueur romantique à l'image des Riquelme, Ronaldinho et autre Maradona. Il n'est donc pas étonnant de le voir quitter la Ville Lumière pour aller rejoindre la Ville Éternelle. Arrivederci Javier et ne l'oublie pas, comme l'entonne à chaque match le Parc des Princes à propos du PSG, "tu ne seras jamais seul car nous deux c'est pour la vie !".