L'histoire d'amour entre le Paris-SG et Javier Pastore est désormais consumée. Après sept saisons d'ascenseur émotionnel, El Flaco s'est engagé avec l'AS Roma hier. Entre coups de génie et blessures à répétition, hommage à l'Argentin le plus aimé du Parc des Princes.

Lundi sur les coups de 18 heures, l'avion de Javier Pastore atterri à l'aéroport Ciampino,
non loin de Rome. Accueilli par plusieurs dizaines de tifosi romains,
présents pour lui souhaiter la bienvenue, le milieu offensif argentin esquisse un sourire : un nouveau défi s'offre à lui. 1 400 kilomètres plus au
nord, les supporters du Paris-SG ont encore du mal à y croire,
mais c'est bel et bien fini. Après sept saisons marquées de coups
d'éclat et de pépins physiques, Pastore quitte définitivement le PSG et
rejoint l'AS Roma pour quatre saisons. Le transfert de l'Argentin,
évalué à 24 millions d'euros, était pourtant inéluctable. Trop
souvent blessé et inconstant, Pastore manquait de temps de jeu. Lors
de sa présentation à la presse, le milieu offensif de
29 ans a évoqué sa volonté de « se sentir à nouveau
important » à la Roma. Pourtant, malgré des apparitions qui
se sont rarérifiées au fil des années,
El Flaco
reste encore aujourd'hui le principal chouchou du Parc des Princes. Personnage discret et attachant, Pastore est bien plus qu'un simple
joueur, c'est un symbole pour tout amoureux du Paris-SG ou même de
football tout simplement. Tout droit venu de Palerme à l'été 2011 pour 42 millions, le natif de Cordoba était la première tête de
gondole du projet QSI. Il incarnait, en quelque sorte, le renouveau
parisien. Dans la lignée des princes du Parc que sont Susic, Dahleb, Ginola ou encore Ronaldinho, Pastore était le premier prince de
l'ère qatari.
El Flaco, l'esthète du Parc des Princes

Ce que les Parisiens retiendront de Javier Pastore n'a rien à
voir avec le nombre de buts marqués, de passes décisives, ou bien de
matchs joués. En effet, bien que l'Argentin soit tout de même le
troisième meilleur passeur et le quinzième meilleur buteur de
l'histoire du club de la capitale, les statistiques ne permettent pas
de cerner ce type de joueur. Ce que les Parisiens retiendront de
Pastore c'est plutôt l'esthétisme de son jeu, car Javier est un
magicien du ballon. Ce n'est pas un joueur rapide, ce n'est pas
un véritable attaquant, ni même un véritable milieu de terrain,
Pastore est un joueur à part. Un profil atypique qui n'existe plus
de nos jours. Une sorte de numéro 10 à l'ancienne, capable de créer
le danger à tout instant, d'illuminer le jeu sur une passe que lui
seul peut voir, de régaler le public du Parc de coups du foulard,
d'extérieurs du pied subtilement touchés, de talonnades et autres
« grigris » qui font le charme du football. C'est le
genre de joueur qui est capable de retourner les foules à
l'image de son raid victorieux depuis le poteau de corner en quart de
finale de Ligue des champions face à Chelsea (3-1) il y a quatre
ans. Un but qui restera dans la mémoire de n'importe quel supporter parisien.
Entre déception et adulation : le paradoxe Pastore
Javier Pastore est ce que l'on pourrait appeler un génie sur
courant alternatif. Capable de passer totalement à côté de ses
matchs puis d'illuminer la rencontre de son pied droit. Cette dose de
bonheur à l'état pur permettait à une majorité de supporters de
patienter jusqu'à son prochain coup d'éclat. Le "maigrichon de
Cordoba" déchainait les passions. Durant ces années parisiennes, les
« Pastoristes » - une sorte de secte défendant coûte
que coûte l'Argentin - ont dû faire face à des fans beaucoup plus
pragmatiques. Ces derniers voyaient en Pastore un talent gâché. Car il faut
tout de même s'accorder pour dire que l'ex-palermitain possède
également une face beaucoup plus exaspérante. Souvent
remis en cause et critiqué pour ses blessures ou son inconstance
tout au long de son septennat parisien, Javier est un joueur rempli
de paradoxe : tantôt nonchalant, tantôt brillantissime. La
comparaison avec le cristal caractérise en tout point Pastore :
aussi brillant que fragile. Ses longs mois d'absence et ses
nombreuses rechutes musculaires ont souvent agacé, mais n'ont jamais
réellement altéré l'amour des supporters. Génie incompris,
El Flaco est un joueur romantique à l'image des
Riquelme, Ronaldinho et autre Maradona. Il n'est donc pas étonnant
de le voir quitter la
Ville Lumière pour aller rejoindre la
Ville Éternelle. Arrivederci Javier et ne l'oublie pas, comme
l'entonne à chaque match le Parc des Princes à propos du PSG, "tu
ne seras jamais seul car nous deux c'est pour la vie !".